lundi 1 juin 2015

Quand devenir mère n'est pas vraiment une fête…

Société - Foyer d'accueil d'Ouzous

Une main tendue et une écoute, c'est ce que viennent chercher ces mamans auprès de Béatrix, à Ouzous./Photo A. B.
Une main tendue et une écoute, c'est ce que viennent chercher ces mamans auprès de Béatrix, à Ouzous./Photo A. B.
La maison d'accueil Étoile d'espérance, située à Ouzous, accueille et accompagne de futures mamans dans la détresse depuis 2013. Un havre de paix qui leur permet d'oublier les difficultés du quotidien.
Elle a grimpé au-dessus d'Ouzous, affectée, perdue, avec ses interrogations, ses douleurs et ses combats. Ceux d'une jeune femme qui ne sait guère si elle fera une mère. «Mon mari me demandait d'avorter. Comme la situation était très tendue, j'étais partagée. Je me suis renseignée par téléphone et on m'a conseillé de m'éloigner de lui pour avoir une décision saine et réfléchie.» Isabelle (1) n'est enceinte que d'un mois lorsqu'elle pousse la porte de l'Étoile d'espérance.
La naissance de cette maison d'accueil pour les femmes enceintes majeures en difficulté résulte aussi d'une pugnacité toute féminine. «Un jour, une amie m'a dit : je te verrais bien accueillir des femmes enceintes», raconte Béatrix d'Espinay, retraitée depuis trois ans alors. Après une visite dans un établissement en Touraine, cette habitante d'Ouzous décide d'acheter une maison dans le village en créant, avec le soutien d'amis, une SCI pour la transaction. «Ils m'ont fait confiance, avoue-t-elle. On a créé une association, les Mères de tendresse, pour que la maison perdure et que ça ne soit pas mon affaire personnelle.» Dans la spacieuse demeure, Béatrix, qui a aménagé un studio, peut accueillir jusqu'à cinq femmes. Sept mamans s'y sont succédé. «Je me suis rapprochée des structures sociales et institutionnelles pour qu'ils sachent que j'existe, mais je ne leur demande rien. On reçoit des femmes qui sont souvent mises à la porte du domicile où leur compagnon leur intime d'avorter. C'est un grand effort pour elles de tout quitter. Il est donc important de trouver des lieux comme celui-là où elles puissent être accueillies. Ici, elles peuvent se poser, dans la sérénité. Je suis à leur écoute car cela réclame du temps de gagner leur confiance. Elles ont besoin de se retrouver elles-mêmes, avec leur histoire. Ici, elles puisent des forces pour repartir et réinventer l'avenir.» Les jeunes femmes peuvent rester dans ce refuge jusqu'aux 3 mois de leur bébé. Au-delà, soit elles se dirigent vers un appartement, une maison d'accueil, ou retournent avec leur compagnon (c'est le cas pour deux d'entre elles). «Ce sont elles qui décident de leur vie, rappelle l'hôte des lieux. Ici, elles participent à la vie de la maison, elles se prennent en main. Elles sont aussi très touchées par la solidarité qui existe autour de ce foyer. Normalement, elles doivent donner 30 % de leurs revenus. Mais jusqu'ici, aucune n'avait de ressources. Nous ne fonctionnons qu'avec des dons. Il y a par exemple le Club du 3e âge de Pierrefitte qui tricote des habits pour les bébés. Et quand on voit leur joie, lorsque le nouveau-né arrive, c'est gagné. Car il s'agit bien d'un combat !»
Huit mois après son arrivée, Isabelle a donné naissance au petit Marcel (1). C'était il y a deux semaines. «Ici, je me sens en sécurité, raconte la maman. Avec l'écoute, la disponibilité de Béatrix et de ses amis, j'ai atterri. Et j'ai pu réfléchir dans la paix.» Le temps et les événements passant, sa situation personnelle a évolué. Peut-être, demain, rejoindra-t-elle le père de son fils…
(1) Les prénoms ont été modifiés.

Une quête demain

À l'occasion de la fête des Mères, les Associations familiales catholiques (AFC) se mobilisent. Dans le diocèse, c'est l'association Mères de la tendresse (qui gère la maison d'Ouzous) qui bénéficiera des fruits de cette collecte. Infos sur : afc-hautespyrenees. blogspot.fr

Andy Barréjot

Article publié sur ce blog avec l'autorisation de son auteur ( merci !).

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