mardi 5 janvier 2016

Où parler d’éducation affective et sexuelle avec nos enfants ?

Nous vivons dans une époque désincarnée dans laquelle le sens chrétien du corps s’est effacé.
Essayons de décrypter ce qui a cours aujourd’hui, puis de regarder ensuite ce que nous dit la Révélation.

Aujourd’hui, le corps est le lieu de mon plaisir.

Le corps est sommé de me procurer du plaisir, de me montrer à l’admiration d’autrui, « Parce que je le vaux bien ! » de donner à voir une image de moi qui me valorise mais non pas ce que je suis. Nous sommes dans une époque qui se déshabille mais qui ne se dévoile pas ! (« Tous à poil ! »)
On dira facilement « j’ai un corps », « mon corps m’appartient », comme s’il s’agissait d’une possession matérielle. Je dois pouvoir tout choisir et donc modeler mon corps et mon image par la mode, la chirurgie esthétique, les écrans (mon « profil »), le sport, les remises en forme de toutes sortes. A contrario, on cache le corps malade, vieillissant, handicapé, souffrant, mort. Rappelez-vous le 2 avril 2005 et les mois qui ont précédé : la maladie de plus en plus invalidante puis la mort de Jean Paul II. Nous avons vécu une chose incroyable pour notre époque : la maladie et la mort quasi publique de notre Pape tout à fait à rebours de nos critères occidentaux.
Notre époque porte un regard que l’on peut qualifier de néoplatonicien sur le corps.
Le néoplatonisme se développe au 3ème siècle sous l’influence de Plotin comme chef de file. Ce courant voit le corps comme « la prison de l’âme ». Le monde sensible, la matière, le corps est le dernier degré de développement.
Pour Plotin, la matière est identifiée au mal. L’homme doit accorder à son âme toute l’attention, au détriment même de son corps. Nous voyons que nous sommes dans cette même dualité, mais en miroir.

Que nous dit la Révélation ?

L’incarnation du Christ est l’événement central de l’histoire humaine. L’Ecriture nous dit « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ».
Le Christ ne « prend » pas un corps, comme il aurait pu prendre un objet, se munir d’une monture-corps, mais il se « fait chair ».
Saint Paul est au carrefour de deux cultures : la culture grecque et la culture juive. C’est un juif hellénisé qui intègre deux modèles anthropologiques concurrents : le modèle grec qui pense l’homme à partir des catégories classiques : corps, cœur, raison et le modèle biblique pour qui l’homme se définit par un principe de vie (nephesh ou âme) uni à la chair et au sang. Il parlera le plus souvent de l’homme en tant que « chair » et « esprit ». (Mais il ne confond pas la chair (sarx) et le corps (soma).)
L’anthropologie chrétienne a toujours enseigné l’existence d’une grande unité entre toutes ces catégories qui aident à comprendre la personne humaine.
Mais la réflexion sur les « catégories » alimente beaucoup plus les débats que la réflexion sur « l’unité » elle-même, au détriment de cette dernière. Nous devons insister beaucoup sur cette unité de la personne humaine. Nous devrions dire « je suis un corps, je suis un cœur, je suis une âme » pour mettre l’accent sur l’unité de toute notre personne.
Avec JPII et la théologie du corps, nous découvrons la vocation sponsale* de toute la personne humaine. JPII va même jusqu’à dire « La conscience de la signification sponsale du corps constitue l’élément fondamental de l’existence humaine ». Audience du 16/1/80.
Mais revenons à l’éducation affective et sexuelle ! Nous devons donc transmettre cette unité à nos enfants et les aider peu à peu à faire l’unité de toute leur personne
Nous voyons que pour les tenants des théories du genre gender, l’homme est fait d'un corps et de comportements, qui sont complètement dissociés, et l'homme et la femme sont en compétition.
Dans une vision (schématique !) chrétienne, l’homme est fait d'un corps, d'un cœur et d'une âme, ou encore de la chaire et de l'esprit, mais dans une grande unité. Et l'homme et la femme sont en coopération.
Ces deux visions sont donc inconciliables ! Il n’y a pas un « gender soft » qui serait compatible avec l’anthropologie X.
Une vision modelée par la défiance peut nous faire voir le corps comme le lieu du péché que l’esprit devrait dominer et soumettre. Nous sommes nous aussi, chrétiens, exposés au risque du néoplatonisme avec la dualité corps-esprit, le corps étant inférieur et soumis au péché. Autrement dit, dans ce que nous disons à nos enfants, le corps n’est pas « sale » ou méprisable ou à soumettre à la force du poignet...
La sexualité est bonne par elle-même ! Elle est pour l’amour des époux ; autrement dit « faire l’amour » fait l’amour du couple au sens premier. L’enfant est le débordement de cet amour dans une nouvelle vie. Elle n’est pas un mal nécessaire pour la génération ou un remède à la concupiscence....
La vocation sponsale du corps ne sera dévoilée que peu à peu à l’enfant. Elle est incompréhensible pour le petit enfant (<7ans) qui est égocentré et doit passer par d’autres étapes avant d’accéder progressivement à l’altérité et au don gratuit.
On passera par les étapes de l’hygiène, de la pudeur, de l’intimité, du respect de l’autre, tout en éduquant peu à peu à rendre de petits services gratuits, puis à rendre service spontanément etc, etc....
On sera attentif à l’unité de vie, à la cohérence de ce que chacun vit (et d’abord les parents....) pour en faire une discipline de vie.
On aidera l’enfant à unifier ce qu’il a reçu (un corps masculin ou féminin) et ce qu’il est appelé à devenir (un homme ou une femme) en aidant à l’identification avec le parent de même sexe et en posant des mots sur ce que le jeune observe par lui-même.
* Caractérise l’amour spécifique entre un homme et une femme. Ce terme est utilisé dans la Bible, comme d’autres traduisant la séduction ou la passion, pour décrire l’amour de Dieu pour les hommes.

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