La réforme du collège n’en finit pas de susciter les critiques.
Voici, point par point, l'analyse des AFC :
1. Les parents…
… «
leur implication est essentielle dans la réussite scolaire de chaque élève
». Mais on attend toujours, dans les textes du Ministère, que les
parents apparaissent comme les « premiers et principaux éducateurs » et
non comme les auxiliaires de l’Education nationale.
2. Les EPI…
… ou « Enseignements
Pratiques Interdisciplinaires » visent à monter deux projets par an à
cheval entre plusieurs matières, dans les heures imparties et selon un
certain nombre de thèmes. Le but est de favoriser un décloisonnement des
disciplines. L’un des bénéfices pourra être une plus grande autonomie
et donc plus forte implication des professeurs concernés. L’un des
risques sera dans l’insuffisance, ou la vacuité, des projets, voire de
tomber dans de l’occupationnel, au détriment de l’acquisition des
savoirs fondamentaux.
3. Le latin et le grec…
… n’étaient
pas prévus dans les dotations horaires ou dans les programmes, hormis
une vague initiation en Français et dans l’un des « Enseignements
Pratiques Interdisciplinaires » qui peut concerner les «
langues et cultures de l’Antiquité
». Devant le tollé, la ministre a rétabli des cours de latin ou de
grec, cela se fera cependant au bon vouloir et selon les moyens qui
seront accordés aux établissements, au rythme d’une heure en 5ème et de
deux en 4ème et 3ème. (Pour mémoire, 2heures existent en 5ème et 4ème et
3 heures en 3ème, actuellement).
4. La suppression des classes européennes ou bilangues…
…
perçues comme des filières élitistes. Néanmoins dans certaines zones
socialement défavorisées, ces filières permettent aux élèves les plus
doués de sortir du lot et d’avoir une chance d’accéder à un bon lycée.
5. Les programmes…
… sont établis
non plus par année mais pour l’ensemble du Cycle 4 (5ème à la 3ème) pour
les matières scientifiques. Il n’est pas tenu compte des élèves
changeant de collège en cours de cycle.
Les programmes sont beaucoup
plus vagues sur les connaissances à acquérir, favorisant l’autonomie, et
donc l’investissement, des professeurs ; néanmoins, il s’agira d’une
révolution culturelle –à accompagner- pour notre système éducatif
français dans lequel le « programme » est le texte de référence de
l’enseignement.
Il reste une inconnue : sur quelles connaissances les
professeurs de lycée pourront-ils s’appuyer avec des élèves venant de
collèges différents ?
6. Le Français…
… n’est pas la matière qui permet de transmettre une culture vivante, mais un « outil de communication ». (cf
notre analyse sur le Socle Commun)
On préconise de travailler le français par séquences. Le programme indique que des «
séances spécifiques en étude de la langue peuvent se trouver justifiées à l’intérieur de la séquence ».
Hormis
cette indication, on ne trouve nulle trace de travail sur les
conjugaisons, l’orthographe ou la syntaxe. Mais il est vrai qu’à défaut
de grammaire, les élèves apprendront à se servir d’un correcteur
orthographique. Ce programme apparait bien naïf : comment croire, sauf à
ne pas avoir croisé un élève de sixième depuis bien longtemps, que, dès
la sortie du Primaire, il serait apte à maitriser toutes les subtilités
de la grammaire française ?
7. L’Histoire….
… se contente
d’aborder des thèmes successifs et renonce explicitement à rendre compte
de l’Histoire de manière continue. Les thèmes choisis ne s’enchaînent
pas de manière logique ne permettant pas de comprendre les causes qui
ont abouti à telle conséquence historique. Nombre de thématiques
privilégiées sont de nature compassionnelle, l’accent étant mis, par
exemple, sur les génocides, l’esclavage, ou les empires coloniaux
suivant l’esprit de repentance qui a cours. Il s’agit là d’une vision de
l’Histoire plus émotionnelle que raisonnée n’aidant pas l’élève à
accéder à une compréhension dynamique et logique.
8. Les SVT…
… abordent la
reproduction sexuée avec le programme suivant : contraception,
prévention des MST, spécificités de la sexualité humaine par rapport aux
autres mammifères. On aurait pu espérer que les adolescents
apprendraient comment se conçoit un enfant et comment se déroule une
grossesse à un moment de leur cursus. Il n’en est rien. Les jeunes des
générations à venir ne l’apprendront ni au collège, ni en 1ère, où ce
thème est à nouveau traité. Comment peut-on espérer qu’ils puissent
ainsi accéder à une sexualité de dialogue et de respect plutôt qu’à une
sexualité de consommation de l’autre ?
Ce projet de réforme du collège semble avoir été élaboré dans une
grande précipitation, il est marqué par l’idéologie « pédagogiste » de
l’Education nationale, la volonté de mettre en œuvre un « socle commun »
très technique et une vision égalitariste de l’école. La plus grande
autonomie dévolue aux enseignants est une bonne évolution qui sera à
poursuivre puisqu’il apparait clairement que la volonté de piloter le
paquebot « Education nationale » depuis la rue de Grenelle de manière
uniforme est un facteur d’immobilisme et d’appauvrissement continu,
quels que soient les gouvernements et les réformes successives.
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Décret n° 2015-544 du 19 mai 2015 relatif à l'organisation des enseignements au collège-
Arrêté du 19 mai 2015 relatif à l'organisation des enseignements dans les classes de collège