lundi 25 mai 2015

La réforme du collège en 8 points

La réforme du collège n’en finit pas de susciter les critiques.
Voici, point par point, l'analyse des AFC :

1. Les parents…



… « leur implication est essentielle dans la réussite scolaire de chaque élève ». Mais on attend toujours, dans les textes du Ministère, que les parents apparaissent comme les « premiers et principaux éducateurs » et non comme les auxiliaires de l’Education nationale.

2. Les EPI…



… ou « Enseignements Pratiques Interdisciplinaires » visent à monter deux projets par an à cheval entre plusieurs matières, dans les heures imparties et selon un certain nombre de thèmes. Le but est de favoriser un décloisonnement des disciplines. L’un des bénéfices pourra être une plus grande autonomie et donc plus forte implication des professeurs concernés. L’un des risques sera dans l’insuffisance, ou la vacuité, des projets, voire de tomber dans de l’occupationnel, au détriment de l’acquisition des savoirs fondamentaux.

3. Le latin et le grec…



… n’étaient pas prévus dans les dotations horaires ou dans les programmes, hormis une vague initiation en Français et dans l’un des « Enseignements Pratiques Interdisciplinaires » qui peut concerner les « langues et cultures de l’Antiquité ». Devant le tollé, la ministre a rétabli des cours de latin ou de grec, cela se fera cependant au bon vouloir et selon les moyens qui seront accordés aux établissements, au rythme d’une heure en 5ème et de deux en 4ème et 3ème. (Pour mémoire, 2heures existent en 5ème et 4ème et 3 heures en 3ème, actuellement).

4. La suppression des classes européennes ou bilangues…



… perçues comme des filières élitistes. Néanmoins dans certaines zones socialement défavorisées, ces filières permettent aux élèves les plus doués de sortir du lot et d’avoir une chance d’accéder à un bon lycée.

5. Les programmes…



… sont établis non plus par année mais pour l’ensemble du Cycle 4 (5ème à la 3ème) pour les matières scientifiques. Il n’est pas tenu compte des élèves changeant de collège en cours de cycle.
Les programmes sont beaucoup plus vagues sur les connaissances à acquérir, favorisant l’autonomie, et donc l’investissement, des professeurs ; néanmoins, il s’agira d’une révolution culturelle –à accompagner- pour notre système éducatif français dans lequel le « programme » est le texte de référence de l’enseignement.
Il reste une inconnue : sur quelles connaissances les professeurs de lycée pourront-ils s’appuyer avec des élèves venant de collèges différents ?

6. Le Français…



… n’est pas la matière qui permet de transmettre une culture vivante, mais un « outil de communication ». (cf notre analyse sur le Socle Commun)
On préconise de travailler le français par séquences. Le programme indique que des « séances spécifiques en étude de la langue peuvent se trouver justifiées à l’intérieur de la séquence ».
Hormis cette indication, on ne trouve nulle trace de travail sur les conjugaisons, l’orthographe ou la syntaxe. Mais il est vrai qu’à défaut de grammaire, les élèves apprendront à se servir d’un correcteur orthographique. Ce programme apparait bien naïf : comment croire, sauf à ne pas avoir croisé un élève de sixième depuis bien longtemps, que, dès la sortie du Primaire, il serait apte à maitriser toutes les subtilités de la grammaire française ?

7. L’Histoire….



… se contente d’aborder des thèmes successifs et renonce explicitement à rendre compte de l’Histoire de manière continue. Les thèmes choisis ne s’enchaînent pas de manière logique ne permettant pas de comprendre les causes qui ont abouti à telle conséquence historique. Nombre de thématiques privilégiées sont de nature compassionnelle, l’accent étant mis, par exemple, sur les génocides, l’esclavage, ou les empires coloniaux suivant l’esprit de repentance qui a cours. Il s’agit là d’une vision de l’Histoire plus émotionnelle que raisonnée n’aidant pas l’élève à accéder à une compréhension dynamique et logique.

8. Les SVT…



… abordent la reproduction sexuée avec le programme suivant : contraception, prévention des MST, spécificités de la sexualité humaine par rapport aux autres mammifères. On aurait pu espérer que les adolescents apprendraient comment se conçoit un enfant et comment se déroule une grossesse à un moment de leur cursus. Il n’en est rien. Les jeunes des générations à venir ne l’apprendront ni au collège, ni en 1ère, où ce thème est à nouveau traité. Comment peut-on espérer qu’ils puissent ainsi accéder à une sexualité de dialogue et de respect plutôt qu’à une sexualité de consommation de l’autre ?
Ce projet de réforme du collège semble avoir été élaboré dans une grande précipitation, il est marqué par l’idéologie « pédagogiste » de l’Education nationale, la volonté de mettre en œuvre un « socle commun » très technique et une vision égalitariste de l’école. La plus grande autonomie dévolue aux enseignants est une bonne évolution qui sera à poursuivre puisqu’il apparait clairement que la volonté de piloter le paquebot « Education nationale » depuis la rue de Grenelle de manière uniforme est un facteur d’immobilisme et d’appauvrissement continu, quels que soient les gouvernements et les réformes successives.

- Décret n° 2015-544 du 19 mai 2015 relatif à l'organisation des enseignements au collège
- Arrêté du 19 mai 2015 relatif à l'organisation des enseignements dans les classes de collège

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