« On s’est tout de suite aimés quand
on s’est rencontrés puis, le temps passant, on ne se plait plus. Donc
on va divorcer. A l’amiable, parce qu’on s’entend bien ! Pour Lucas, ne
t’en fais pas : on a choisi la garde alternée »...
Triste confidence d’un jeune homme à sa
grand-mère, et tellement banale ! Que peut bien penser cette grand-mère,
qui vient de fêter ses noces d’or ? Elle se rappelle Gustave Thibon au
milieu du siècle dernier :
« Pour être pleine et féconde,
l’union des époux doit reposer sur quatre choses qui, dans la vie,
s’amalgament : la passion, l’amitié, le sacrifice et la prière. »
Formulée ainsi, cette recette semble un peu périmée. Pourtant, en en y réfléchissant plus profondément, elle est d’une incroyable et pertinente actualité.
La passion
L’union des époux suppose en effet une
proximité et une intimité physiques – dont l’union des corps est
l’expression la plus totale. Cette union nécessite un attrait physique
réciproque qui amène et pousse les époux au don de ce qu’ils possèdent
de plus intime. En se livrant l’un à l’autre, l’un des fruits de leur
union sera leur fécondité la plus concrète : un enfant. Et ce don sera
d’autant plus entier qu’il sera naturel et spontané.
L’hypersexualisation de notre
environnement déforme malheureusement notre vision de cette dimension
charnelle pour en faire bien souvent un unique objet de jouissance
personnelle, masquant cette ouverture à l’autre et à la fécondité du
couple. L’attrait physique équilibré - ni absence, ni primauté - est alors une condition nécessaire, mais pas suffisante.
L’amitié
Nietzsche prétend que tout homme, avant de se marier, devrait se poser cette question : « pourrais-je causer avec elle tous les jours de ma vie ? ».
Question que parfois la passion ou
l’enthousiasme élude rapidement… Et pourtant, quel avenir pour un couple
qui ne sait pas vivre ensemble, dans la confiance et l’intimité que
suppose une véritable amitié ? Dans cet élan qui lie les cœurs, la
fidélité, la bienveillance mais aussi l’exigence tiennent aussi toute
leur place. De nombreux témoignages révèlent que la principale cause des
divorces est la déception. Et rien n’est plus cruel qu’une amitié
déçue.
Si la chair rapproche l’un de l’autre, c’est l’amitié qui ouvre l’un à l’autre.
Arrachement ?
Au mot de sacrifice on peut préférer celui d’arrachement. Lisant un journal américain où il était dit : « tout homme qui se marie renonce à la moitié de son indépendance », Chesterton remarquait avec humour « qu’il n’y avait qu’en Amérique qu’un tel optimisme était permis ! »
En effet l’amour implique des
arrachements. Celui de partager sa vie, son indépendance, son confort
pour se mettre à l’écoute et au diapason de l’autre, afin ensemble de
marcher d’un même pas. Ces arrachements renvoient aussi à la
responsabilité du choix de l’engagement, pour le meilleur et pour le
pire. Aimer dans la durée, c’est choisir à nouveau tous les jours
d’aimer, inlassablement, avec fidélité, même – et surtout ! – quand
l’autre nous irrite ou qu’il semble restreindre notre liberté.
La prière
Enfin Gustave Thibon nous rappelle que « l’authentique amour conjugal accueille l’être aimé non pas comme un dieu, mais comme un don de Dieu, dans lequel Dieu agit et nous offre son amour : « sentir l’Etre sacré frémir dans l’être cher », nous dit Victor Hugo. Il y a une manière sacrée de posséder les choses qui, au lieu de tuer le désir, l’exalte et le transfigure. Comment l’amour des époux pourrait-il tarir puisqu’ils ont été créés et unis pour se donner Dieu l’un à l’autre ? »
C’est dans la prière personnelle et conjugale que le couple se cimente pour élever son âme.
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